Cette base étant établie, vous allez pouvoir ouvrir le champ de votre attention et être présent à de nombreuses facettes de votre expérience sur un plan sensoriel.
Souvent nous n’avons conscience que de l’accumulation des événements sur un plan conceptuel. Or ce sont justement ces histoires que nous raconte notre cerveau au sujet de ce que nous vivons qui nous rendent malheureux et nous font perdre le contact avec nous-mêmes, avec ce qui est bon pour nous, avec nos valeurs.
Pour arrêter l’agitation de l’esprit, il faut donc d’abord le connaître afin d’accéder à la compréhension de ce qui s’y passe. Il est également important d’y être présent maintenant, car c’est ici que tout peut changer ; ce n’est ni hier ni demain.
La méditation de pleine conscience permet aussi d’apprendre à connaître ses émotions et à ne plus en avoir peur.
Nous pouvons expérimenter que nos émotions sont passagères si nous arrivons à les accueillir avec « bienveillance », c’est-à-dire sans enclencher la machine à penser et sans chercher à les chasser, mais en essayant de les ressentir dans notre corps et de respirer avec ces sensations, parfois désagréables, mais qui, finalement, passent d’elles-mêmes.
Accueillir la sensation physique désagréable liée à une émotion pénible permet de prendre conscience de son état et de prendre soin de soi, comme nous prendrions soin de la douleur d’un proche.
Si un ami vous dit qu’il est triste, lui répondrez-vous que ce n’est rien, le laissant souffrir seul ? Non ; vous l’inviterez probablement à vous parler de ce qui ne va pas, vous le prendrez peut-être dans vos bras, vous accueillerez sa souffrance.
Il est normal d’être triste dans certaines situations et cette tristesse passe naturellement avec le temps.
Pour des raisons physiologiques, toutes les émotions, positives ou négatives, sont transitoires si rien n’entrave leur flot naturel. C’est pour cela également qu’il est indispensable de savoir profiter de l’instant présent en savourant, jour après jour, ce que la vie nous offre de positif. Il ne sert à rien d’attendre tel ou tel événement pour s’autoriser à être heureux : trop d’obstacles risquent de rendre cette attente infinie.
L’état de bien-être est beaucoup plus dû à la somme des petits bonheurs qu’à des bonheurs très intenses, qui sont plus rares au cours d’une vie.
L’acceptation de cette réalité, qui est une des clés de la démarche de méditation, permet de concentrer son énergie sur les moments positifs et de mieux surmonter les moments négatifs.
La méditation de pleine conscience s’adresse à chacun d’entre nous, mais tout particulièrement à ceux qui souffrent d’anxiété ou de dépression. Ces états empêchent d’être dans l’instant présent (regrets, ruminations, anticipations anxieuses, etc.), les personnes s’accrochant à leurs pensées négatives et se laissant submerger par elles et par leurs émotions. Mais certains processus sont communs à toutes les souffrances.
Que vous souffriez de tristesse, d’anxiété, de douleurs physiques, de stress ou d'accès de colère, votre attention sera ainsi en permanence attirée par vos maux ; vos pensées deviendront alors votre réalité, ce qui ne fera qu'augmenter votre ressenti émotionnel désagréable. En pratiquant la méditation de pleine conscience, vous apprendrez à entraîner votre attention à se porter sur l'instant présent, et non pas à boucler sur votre souffrance[MC8]. Vous pourrez ainsi prendre [MC9]du recul par rapport à vos pensées et comprendre qu'elles ne reflètent en rien la réalité, qu’elles ne sont qu'une création de votre esprit, dépendantes de l'état émotionnel dans lequel vous vous trouvez.
Cette distance d'avec vos pensées vous permettra d'accueillir et réguler vos émotions.
La méditation de pleine conscience n’étant pas uniquement un exercice attentionnel, ce rendez-vous quotidien avec soi-même va vous permettre aussi d’apprendre à connaître vos pensées, vos schémas de réactivité, vos états d’âme, vos douleurs les plus profondes, vos besoins, vos limites, en prenant la responsabilité d’accepter votre expérience telle qu’elle est (agréable, désagréable ou neutre), en étant curieux et sans jugement par rapport à celle-ci.